Intersexe, c’est quoi ?

INTERSEXES ? QUELQUES DÉFINITIONS :

« Les personnes intersexes sont nées avec des caractères sexuels (génitaux, gonadiques ou chromosomiques) qui ne correspondent pas aux définitions binaires types des corps masculins ou féminins. Être intersexe est bien plus répandu qu’on ne le pense. (…) Parce que leur corps est considéré comme différent, les enfants et adultes intersexes sont souvent stigmatisé.e.s et subissent de multiples violations de leurs droits humains, tels que le droit à la santé, à l’intégrité physique, à l’égalité et à la non-discrimination et le droit à ne pas être soumis.e à la torture ou à de mauvais traitements. » Haut Commissariat des Nations Unies aux Droits de l’Homme

« Intersexe est un terme coupole englobant les expériences d’être né·e avec un corps ne correspondant pas à ce que la société attribue au masculin et au féminin. Nous sommes des êtres humains né·e·s avec des caractéristiques sexuelles pouvant être attribuées aux deux en même temps, ou bien ne pas être entièrement l’un ou l’autre, ou bien encore ni l’un ni l’autre. Nos corps et nos caractéristiques sexuelles sont des variations saines et naturelles des sexes humains.

Ces variations innées, naturelles peuvent être multiples : les organes génitaux internes et/ou externes, les structures hormonales et/ou chromosomiques peuvent ne pas correspondre aux attentes médicales et sociales, tout comme d’autres caractéristiques sexuelles telles que la masse musculaire, la répartition de la pilosité ou encore la stature, pour ne citer que celles-ci.

Bien que nous soyons né·e·s avec des variations des caractéristiques sexuelles, elles peuvent ne pas être visibles à la naissance.

Elles peuvent apparaître à différents moments : en période prénatale, durant l’enfance, à la puberté ou à l’âge adulte.

Une personne peut s’en apercevoir très tôt ou bien plus tard au cours de sa vie. Suivant les circonstances et les spécificités corporelles, certaines personnes peuvent ne pas savoir qu’elles sont intersexes. » Organisation Internationale Intersexe – Europe

QUESTIONS FRÉQUENTES :

Est-ce que l’intersexuation, c’est de l’hermaphrodisme ?

Le terme hermaphrodisme, employé par la médecine à partir de la fin du XIX° siècle, est biologiquement erroné : les intersexes ne sont pas des êtres mi-mâles, mi-femelles, avec un double appareil génital fonctionnel.

Cependant, certain·e·s intersexes se sont réapproprié la charge stigmatisante et exotisante du terme et en font une identité politique.

Attention, si certaines personnes intersexes l’emploient, il est très déplacé pour des personnes dyadiques de le faire.

Les personnes non intersexes sont dites “dyadiques”.

Quelles identités de genre pour les personnes intersexes ?

« Il est très important de ne pas confondre ces définitions avec des identités de genre. Ce qui caractérise d’abord et avant tout les personnes intersexes, c’est l’expérience d’invalidation sur la base du corps sexué. Les identités de genre que nous avons sont plurielles.” (Comité visibilité intersexe et OII Francophonie)

Les personnes intersexes peuvent s’identifier comme femmes, comme hommes, ou comme non-binaires; elles peuvent être cisgenres ou transgenres. Nos orientations sexuelles sont tout aussi variées que chez les personnes dyadiques.

Mais une fois opéré·e·s bébés, les enfants intersexes ne sont-illes pas mieux intégré·e·s à la société ?

Tout d’abord, toutes les personnes intersexes ne sont pas opérées à la naissance. Et quand elles le sont, ce n’est pas souvent d’une seule opération définitive et qui « règle le problème ». La plupart subissent des opérations multiples, et/ou des « traitements » hormonaux lourds.

Certaines personnes intersexes sont opérées plus tard, dans l’enfance ou à l’adolescence, une ou plusieurs fois. D’autres ne le seront pas, ou sous d’autres prétextes médicaux, et découvriront la vérité bien plus tard. Il est donc faux de dire que les personnes intersexes naissent toutes avec des organes génitaux ambigus.

Mutiler et hormoner des corps sains sans le consentement de la personne crée d’autres problèmes de santé. Par ailleurs ce principe « préventif » maintient un mensonge sur la réalité de nos existences, ce qui fait qu’on ne laisse pas l’occasion à la société de s’y accoutumer et de nous accepter. Simultanément, ces opérations et traitements s’attaquent à notre droit à disposer de nos corps, nous renvoient une image de monstres, d’anomalies et de malformations, ce qui a un impact lourd sur notre confiance et estime en nous-mêmes et sur notre relation aux autres. Donc NON, ce n’est pas positif !

Alors l’intersexuation ça prouve que la binarité de genre c’est faux ?

L’existence de personnes qui ne correspondent pas aux normes anatomiques du masculin et du féminin prouvent que celles-ci sont des constructions sociales. Mais notre existence n’est pas un argument rhétorique contre la binarité de genre.

C’est l’existence des personnes non-binaires qui prouve que la binarité de genre n’existe pas. Les personnes intersexes peuvent être des hommes, des femmes, ou des personnes non binaires.

Prétendre que nos variations nous placent hors du champ de la binarité de genre c’est confondre marqueurs biologiques et identités de genre. C’est déshumanisant, et très violent pour celles et ceux d’entre nous qui s’identifient comme hommes ou comme femmes.

Comment inclure les questions intersexes dans les luttes LGBTIQ+ et féministes ?

Tenez compte du fait que les personnes intersexes ont toutes sortes d’identités de genres et d’orientation sexuelle. Quelques notions tout de même : selon une étude australienne, 1/3 des personnes intersexes ne se reconnaissent pas dans l’identité qui leur a été assignée à la naissance. L’écrasante majorité des personnes intersexes sont assignées filles à la naissance (et opprimées aussi comme telles). Nos variations anatomiques nous exposent à des brimades homophobes et transphobes quelle que soit la réalité de nos identités de genre et de nos orientations sexuelles.

Ne nous infantilisez pas dans une démarche humanitaire, et veillez à ne pas avoir une attitude de fascination exotisante à notre égard.

Tenez compte de nos variations quand vous parlez de l’identité de genre : toutes les femmes (même cis!) n’ont pas de vagin+utérus+ovaires fonctionnels, les représentations normées de vulves ou de corps peuvent être excluantes. D’ailleurs, la plupart d’entre nous sont stériles, donc l’assistance médicale à la procréation peut être particulièrement importante pour nous.

Dans le milieu trans, comprenez que l’injonction aux traitements hormonaux et aux opérations nous touchent plus durement, d’autant que certain·e·s d’entre nous sont insensibles à la testostérone.

De manière générale, dans les représentations schématiques que vous véhiculez, évitez de diffuser l’idée vagin/XX =AFAB (assigné.e fille à la naissance) et pénis/XY =AMAB (assigné.e garçon à la naissance) et de présenter les intersexes comme hors du champ du genre ou du sexe légal : nous sommes bien assigné·e·s à un genre, et à un sexe légal à la naissance. Nous ne sommes pas non plus « au milieu » d’un axe masculin-féminin; nos variations peuvent porter sur différents critères (caractères sexuels primaires et/ou secondaires, au niveau chromosomique, gonadique, hormonal…), ce qui fait qu’on peut plutôt se représenter comme une constellation !

Et puis évidemment, relayez nos revendications, formez-vous, lisez, écoutez 🙂

LES DATES IMPORTANTES :

Le 26 octobre : Journée internationale de visibilité intersexe. Cette journée célèbre la première manifestation intersexe devant un congrès de médecine (26 octobre 1996)

Le 8 novembre : Journée internationale de solidarité intersexe/Journée de la mémoire intersexe. Cette journée est l’anniversaire de la naissance d’Herculine Barbin (8 novembre 1838)

LE DRAPEAU INTERSEXE :

logo officiel intersexes
Le drapeau intersexe aux couleurs non genrées présente un cercle symbolisant l’intégrité physique revendiquée par les personnes intersexes.
Crédits : Morgan Carpenter

Nous listons ici une série de termes pathologisants, les appellations médicales stigmatisantes qui peuvent désigner certaines variations intersexes de façon à ce que les personnes concernées puissent trouver cette page via leur moteur de recherche. En aucun cas nous n’adhérons à ces termes :

Syndrome d’insensibilité partielle aux androgènes, syndrome d’insensibilité complète aux androgènes, syndrome de résistance aux androgènes, hyperplasie congénitale des surrénales, hypospade, hypospadias, ovostestis, ovostesticulaire, testicule féminisant, déficit en 5 alpha réductase, dysgénésie gonadique, Turner, Klinefelter, Mayer Rokitansky Küster Hauser, hypogonadisme hypogonadotrope, hyperandrogénie, syndrome des ovaires polykystiques, Stein-Leventhal, pseudohermaphrodisme, hermaphrodisme vrai, mosaïque chromosomique, anomalie du développement sexuel, anomalies du développement sexuel, troubles du développement sexuel, DSD, disorders of sex development.

12 réflexions sur “Intersexe, c’est quoi ?”

  1. Ping : “C’est quoi Intersexe ?” : une BD qui tord le cou aux clichés | Health and beauty

  2. Ping : K’ard كاغد (Papier) | A r t s & S c i e n c e s

  3. Ping : Relativisme et Psychanalyse, Point de vue oppressions 1/X – Psyentifique

  4. Ping : Les oubliés.es de la lutte – La Chronique du Soir

  5. Ping : À la Zad du Carnet, on déconstruit les normes, mais on tient les barricades – Le Monde

  6. Ping : LGTIntersexeA+ - Commeet.ch

  7. Bonjour,

    Serait-il possible d’avoir le lien vers l’étude australienne citée s’il vous plait ? (lorsque vous dites « Quelques notions tout de même : selon une étude australienne, 1/3 des personnes intersexes ne se reconnaissent pas dans l’identité qui leur a été assignée à la naissance. »)

    Merci d’avance!

  8. Ping : Ce que je ne comprenais pas sur le genre – Partie 1 – Dans la vie d'une étudiante paumée

  9. Bonjour, j’ai une question : je souffre d’hypogonadisme hypogonadotrope (je suis AFAB de naissance et j’ai 28 ans), je prend des hormones féminisantes en plus d’un traitement hormonal de croissance.
    Est-ce que je suis une personne intersexe ? J’ai déjà fais un examen chromosomique mais j’ai jamais eu le résultat et de l’extérieur – si je puis dire – il n’y pas rien de visible.
    Merci de votre réponse, que vous en ayez ou pas.

  10. Ping : Dépathologiser, repathologiser: les nouvelles directives de l’OMS sur les soins de santé trans et intersexes | Trahir

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