La Fédération Trans et Intersexes* fait part à l’Inter-LGBT de sa consternation à la lecture des questions aux candidat.e.s à l’élection présidentielle, publiées sur le site internet www.lgbt2017.fr.
La 3e question porte en effet sur la demande aux candidat.e.s d’établir « un Protocole National de Diagnostic et de Soin en collaboration avec les associations pour garantir une prise en charge effective partout en France de toutes les dépenses de santé induites par les parcours de transition (qu’il s’agisse de parcours accompagnés par des médecins libéraux ou par des équipes hospitalières) ». Cette proposition a visiblement la faveur de l’Inter-LGBT.
Nous rappelons que conditionner l’accès aux soins et le remboursement des dépenses de santé liées aux transitions à la notion objectivante de « diagnostic », qui plus est dans un protocole national, s’inscrit dans une approche pathologisante et essentialiste des transidentités. La FTI, dans la continuité des revendications de l’Existrans, réclame « Le libre choix des parcours médicaux, sur la base du consentement éclairé, du libre choix du médecin garanti par l’article R.4127-6 du code de la santé publique avec le maintien des remboursements en France et à l’étranger » ainsi que « le démantèlement des équipes et protocoles hospitaliers et la formation des médecins et chirurgiens français pour un suivi médical de qualité, respectueux et dépsychiatrisé ». Nous nous positionnons fermement contre tout « protocole », dont la nature même est d’être généralisé et imposé, et ne reconnaissons aucune légitimité aux médecins libéraux comme aux équipes hospitalières pour nous « diagnostiquer » ou nous imposer des « soins » : encore une fois, les transidentités ne relèvent pas d’une pathologie, ni d’un ensemble de conditions ou de « caractères » a priori et à remplir. Nous ne savons que trop bien à quel point un tel protocole donne tout pouvoir au corps médical, ou à toute autre instance, pour définir ce que nous devrions être, faire de nous, pour orienter de force, ralentir, voire bloquer nos parcours, comme c’est actuellement le cas avec les protocoles menés par la SoFECT. Nous défendons au contraire une approche d’autonomie et d’autodétermination.
Alors que les choses ne cessent d’avancer dans les mouvements trans et intersexe, comme le montrent le succès de l’Existrans et la logique d’autonomie défendue par un nombre croissant d’orgas et de personnes concernées, l’Inter-LGBT retourne en arrière, faisant ainsi preuve d’un mépris inégalé ou d’une méconnaissance incroyable, en mettant en avant des propositions réactionnaires, pathologisantes et infantilisantes, dignes de pratiques et d’années que nous pensions révolues. Nous l’invitons à s’interroger sur sa légitimité et sur sa responsabilité à s’exprimer ainsi à l’encontre des personnes concernées et de leurs cadres collectifs.
La rupture de confiance entre le mouvement trans et l’inter-LGB »T » s’approfondit : il est temps que cette dernière cesse de parler en notre nom, surtout si c’est pour défendre des approches rétrogrades.
* rassemblant Acceptess-T (Paris), Association nationale transgenre, C’est pas mon genre (Lille), Chrysalide (Lyon), CIA (Collectif intersexes et allié.e.s), Clar-T (Toulouse), Ouest trans (Bretagne), OUTrans (Paris), Prendre corps (Picardie), RITA (Grenoble), T-Time (Marseille), Trans-info et Trans inter action (Nantes).